Montana suspend le dialogue avec la Primature
Written by admin on August 3, 2022
Publié le 2022-08-02 | lenouvelliste.com Le Bureau de suivi de l’accord (BSA) de Montana annonce avoir pris ses distances par rapport aux négociations politiques avec la Primature. En conférence de presse le mardi 2 août 2022, au siège de l’Académie de formation et de perfectionnement des cadres (AFPEC) à Pacot, Jacques Ted St-Dic, a indiqué que Montana en a assez des manœuvres dilatoires de la Primature qui n’a aucune volonté réelle de faire avancer le dialogue pouvant déboucher sur des négociations politiques.
« Aujourd’hui le Bureau de suivi de l’accord (BSA) Montana, après consultation avec ses différentes entités, décide formellement de surseoir au faire-semblant de négociation politique de la Primature », a annoncé Jacques Ted St-Dic, membre du BSA, en conférence de presse ce mardi. Contrairement à la Primature qui souhaite qu’Ariel Henry reste en poste comme Premier ministre pour diriger la transition et organiser les élections, l’accord de Montana veut le rétablissement des trois pouvoirs de l’État avec un exécutif bicéphale pendant la transition.
Si Montana a déploré le fait que la Primature n’entend pas négocier sur la gouvernance du pays, le BSA lui ne compte pas transiger sur son agenda. « Les membres du BSA exigent des négociations sérieuses sur la base de l’agenda défini par les tenants de l’accord de Montana », a martelé Jacques Ted St Dic. « Nou mande pou nan ajannda a gen yon pwen ki rele : ‘’ Retabli, sou yon baz konsansis ak tranzisyonèl, twa pouvwa Leta yo, nan lespri Konstitisyon 87 la’’. Fòk Leta retabli lòd nan tèt li, nan enstitisyon l yo, nan kad yon konsansis laj, pou l gen mwayen enstitisyonèl ak politik nan men l pou rekanpe Larepiblik, pou l ka rezoud yon ansanm pwoblèm », exige Montana.
De l’autre côté, dans une contre-proposition de négociations politiques envoyée le jeudi 21 juillet 2022 aux membres de l’accord de Montana, l’accord du 11 septembre maintient sa position. Selon le document dont Le Nouvelliste a eu copie, l’équipe au pouvoir propose que les négociations se déroulent autour « des mécanismes pour arriver à se mettre d’accord sur un projet national commun pour la période de transition en cours ; définir l’environnement politique de la transition selon une architecture de gouvernance consensuelle ; la question de l’insécurité, la réduction drastique de la violence armée et le démantèlement des gangs armés et de leurs réseaux d’approvisionnement ».
Pour les membres du BSA l’équipe au pouvoir n’a aucune volonté de résoudre la crise. « L’État constitue une barrière à la résolution de la crise politique. L’État fait obstacle au renouvellement du système politique, condition nécessaire pour réaliser les élections, la création de richesse », a déclaré M. St Dic.
« Fondamentalement le pouvoir ne veut pas que le pays se réconcilie avec elle-même, il ne souhaite non plus que le pays organise la conférence nationale. Les hommes au pouvoir sont hantés par l’idée d’élaborer une constitution, définir les modalités de la mise en place d’un Conseil électoral. Ils veulent le pouvoir pour pouvoir tout contrôler », a-t-il ajouté.
Les tenants de l’accord de Montana estiment avoir fait tout ce qui était possible pour arriver à une entente de principe avec la Primature afin de trouver un dénouement à la crise. « Le pouvoir a clairement exprimé son refus de dialoguer », a regretté Ernest Mathurin, membre du BSA.
Parallèlement Montana entend s’organiser à l’interne en jetant les bases pour entamer la conférence nationale en attendant d’avoir les moyens de l’institutionnaliser dans la République. C’est la voie que doit emprunter le BSA à partir de maintenant, a souligné M. St Dic, qui dit espérer que cette route mènera les tenants de l’accord de Montana à avoir une base de mobilisation nationale à travers le pays. « Cette mobilisation est nécessaire pour contraindre le gouvernement à la négociation ou à la démission », a-t-il précisé, arguant qu’il est inacceptable que le pays continue dans cette descente aux enfers.
Le BSA en a profité pour faire taire les rumeurs faisant croire que Montana aurait demandé, de façon formelle ou informelle, à la Primature de faire la place pour l’installation de ses élus. « À aucun moment la délégation de Montana n’a négocié avec le pouvoir ou avec ses alliés sur qui doit être président ou ministre dans la transition. D’ailleurs, le dialogue politique n’a pu être lancé », a argué Ernest Mathurin.
Jean Junior R. CELESTIN
celestinjunior30@gmail.com